Sur les réseaux sociaux, les Lyonnais réclament justice pour Axelle Dorier -
Par Morgan Couturier
(Mis à jour avec la réaction du ministre de l’Intérieur) Disparue tragiquement le jour de son anniversaire, après avoir été traînée sur 800 mètres par un automobiliste, Axelle Dorier incarne bien malgré elle, l’explosion de la violence dans la capitale des Gaules.
Ce devait être un jour de fête, un doux soir de juillet où les célébrations d’un anniversaire prennent le pas sur la morosité ambiante, liée à la difficile actualité du Covid-19. Malheureusement, le fin mot de l’histoire fut bien plus tragique, lorsque dans la nuit du 18 au 19 juillet 2020, la belle Axelle Dorier perd la vie le jour de ses 23 ans, rue de l’Antiquaille dans le 5e arrondissement, après avoir été traînée sous les roues d’un véhicule sur plus de 800 mètres.
Le conducteur, âgé de 21 ans, est placé en détention provisoire
Un acte odieux venu conclure sinistrement une soirée déjà marquée par une autre infamie, un ami d’Axelle ayant vu son chien renversé quelques minutes auparavant par quatre jeunes femmes circulant en voiture. Après plusieurs instants d’affrontement, ce sont finalement deux amis de ces dernières, embarqués dans une citadine allemande, qui se sont cruellement signalés en heurtant la jeune aide-soignante, venue s’interposer devant leur véhicule et stopper leur fuite.
Hélas, non-content de percuter une première fois la victime, le conducteur de la voiture – un certain Youcef T – a alors pris le parti de la percuter une seconde fois et de la traîner sur plusieurs centaines de mètres, ne lui laissant aucune chance de s’en sortir. Arrivés sur places quelques minutes après le drame, policiers et pompiers n’ont pu que constater le décès d’Axelle, démembrée.
Bien plus tard, les agresseurs se présentaient au commissariat pour passer aux aveux. Mis en examen ce lundi, le conducteur, âgé de 21 ans, a été placé en détention provisoire. Son passager, lui, est poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Il a été remis en liberté.
Dès l’annonce du drame, les réseaux sociaux se sont enflammés
Depuis hier matin, des milliers d’internautes partagent la photo d’Axelle avec le hashtag #JusticePourAxelle. Particulièrement révolté par « cet acte sauvage », l’organisateur d’évènements Pierre-Yves Gas a créé un cadre pour photo de profil sur facebook. Sur ce même réseau social, Arnaud Peyre a créé, ce mardi 21 juillet, un groupe baptisé Justice pour Axelle qui comptait en fin de journée 11 532 membres.
Présent cet après-midi sur les bancs de l’assemblée nationale, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, a assuré que « ces actes odieux ne doivent pas rester impunis ».
Je tiens à avoir une pensée pour cette jeune aide-soignante lyonnaise dont la mort d’une violence extrême a suscité une vive émotion. Je remercie les forces de police et de secours pour leur intervention rapide. Ces actes odieux ne doivent pas rester impunis. pic.twitter.com/NL9dtK62px
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 21, 2020
L’écrivain franco-libanais André Bercoff évoque quant à lui la France, devenue un stand de tir à ciel ouvert…
Si la mort de #Axelle ne suscite pas au moins autant de réactions que celle de #adamatraoré , c’est que la #France est devenue, dans les faits, un terrain vague. Une maison de passe .Un open bar.Un permis de tuer. Un stand de tir. Une feuille morte scotchée à la poubelle Justice.
— André Bercoff (@andrebercoff) July 20, 2020
Toujours est-il que ce « crime d’une extraordinaire barbarie », dixit la conseillère régionale Agnès Marion (RN), vient brutalement mettre en lumière la recrudescence de la violence observée dans la capitale des Gaules. Vacarmes, pétards, rodéos, mortiers, incendies volontaires… les exemples se font de plus en plus nombreux ces dernières semaines, avec désormais la conclusion qu’on connaît.
« Cette violence me meurtrit, ces actes me révoltent, ces infamies à répétition sont insoutenables. J’ai une pensée émue pour la famille et les proches de cette jeune fille », regrette aussi Yann Cucherat, sur twitter. Un raisonnement partagé par Agnès Marion, laquelle s’offusque du manque de réactions du nouveau maire, Grégory Doucet.
Aucune réaction de la municipalité
« On aimerait vous entendre sur ce drame. La sécurité publique fait partie de vos compétences et visiblement, l’adoption de l’écriture inclusive ne suffit pas à mettre les femmes en sécurité », écrit-elle, invitant le nouvel édile à organiser « dans les plus brefs délais, des assises de la sécurité, afin d’écouter chaque Lyonnais et de trouver avec eux des solutions pertinentes et efficaces pour juguler l’ensauvagement de notre cité ».
À peine élu, le maire de Lyon se voit donc contrôlé sur ses engagements, lui qui en février dernier, se décrivait comme « quelqu’un de pragmatique sur la sécurité » au micro de nos confrères de Lyon Mag, et ce, malgré certaines réticences affichées sur l’impact des caméras de surveillance.
Murés dans leur silence, Grégory Doucet et son adjoint à la sécurité Mohamed Chihi vont être contraints d’agir promptement, alors que la situation devient de plus en plus alarmante. Lyon verse dans l’insécurité. La mort d’Axelle Dorier est venue le rappeler. Touchée par cette disparition, l’équipe de Lyon People adresse ses sincères condoléances à l’ensemble de la famille.