Tennis : Ashleigh Barty, comme Björn Borg…
Usée, l'Australienne, n°1 mondiale, a annoncé la fin de sa carrière. À 25 ans. Au début des années 1980, le légendaire Suédois avait surpris le monde du sport en posant le point final à 26 ans.
Exsangue. Ressort cassé. Ashleigh Barty, lauréate de l'Open d'Australie en janvier dernier, a surpris la planète tennis en annonçant qu'elle mettait un terme à sa carrière. Une fin précipitée qui rappelle celle du Suédois Björn Borg.
Le 23 juin 1983, Björn Borg prend le monde du tennis à contre-pied en annonçant sa retraite. Le Suédois a 26 ans. Il a remporté Roland-Garros à 6 reprises et Wimbledon 5 fois. Numéro 1 mondial dès 1977, il a également remporté la Coupe Davis. Professionnel à 17 ans, il avait simplement la sensation d'avoir fait le tour. Il n'avait plus l'essence de la motivation lui permettant de relever les défis du quotidien. Au sommet de sa gloire, celui qui, par son jeu (son revers à deux mains, son physique porté par des jambes d'airain, surmonté par des épaules de déménageur), son look (son bandeau, sa chemise Fila, sa raquette en bois, sa figure christique) a propulsé le tennis dans une autre dimension sportive (avec sa structure il a été pionnier dans le domaine de l'entraînement), économique et médiatique, a été brutalement confronté à la panne sèche. L'exigence attachée jour après jour, tel Sisyphe, depuis son adolescence à la construction de la performance est devenue insupportable à la première rock star du tennis.
« Il a découvert qu'il n'avait pas la motivation nécessaire. Il a découvert qu'il n'avait plus vraiment la volonté de se battre, de s'entraîner quatre heures par jour et de continuer comme ça. Vous arrivez à une situation où vous n'avez pas cette combativité que vous devez l'avoir, vous savez», avait résumé Lennart Bergelin, son entraîneur. Le point de rupture date de la finale perdue contre John McEnroe à l'US Open 1981, survenant après celle perdue contre le prodige américain à Wimbledon. «Après la victoire de John McEnroe, j'ai directement filé à la maison que je possédais alors à Long Island. J'ai sauté dans la piscine comme un vacancier, racontera-t-il plus tard. Là, en me prélassant, j'ai compris que la motivation n'était plus là. Ce jour-là, âgé de 25 ans, j'ai décidé d'arrêter ma carrière. Décision que je n'ai jamais regrettée. J'avais été n°1, devenir n°2 ne m'intéressait pas», résumait le Suédois dans des propos rapportés par Le Parisien. Son dernier match reste une défaite contre Henri Leconte au 2e tour à Monte-Carlo, en 1983. Björn Borg n'en dira jamais beaucoup plus. Son sang-froid et son côté impassible avaient fasciné les spectateurs et impressionné ses rivaux, il tournerait le dos, laissant entier le mystère et offrant la magie des temps forts vécus en héritage. À la pointe dans de nombreux domaines (physiques et techniques), Björn Borg avait également illustré la force adulée et l'extrême fragilité méconnue des gladiateurs des courts, jetés en pleine lumière. Borg avait tout sublimé, tout enduré. De la lumière à l'ombre. Le trajet et les souffrances qui ont, de longues années après, conduit Ashleigh Barty (victorieuse de Roland-Garros 2019, Wimbledon 2021 et de l'Open d'Australie 2022) à se diriger vers la sortie. Elle qui avait déjà mis sa carrière sur les courts entre parenthèses durant dix-sept mois pour pratiquer le cricket, avant de revenir promener son jeu singulier fait de variations, d'inspirations, de fulgurances. Loin des jeux stéréotypés pratiqués sur le circuit.
En 1991, Björn Borg avait tenté un come-back. En vain. Il a vu défiler les défaites : 12 de suite. Avant de définitivement tourner la page en 1993.
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