Arthur Fils décroche une victoire de prestige contre Alexander ...
Arthur Fils est un jeune homme ambitieux, largement conscient de ses nombreuses qualités. Parfois, son comportement joue en sa défaveur, comme lors de cette tournée en Amérique du Sud, début 2024 (une victoire pour trois défaites), où ses mots crus envers un arbitre sont plus restés dans les mémoires que ses coups de raquette. Mais souvent, sa tête dure lui permet de bien défendre, sortir des coups puissants, et résister à un public hostile.
C’est ce qu’il s’est passé, dimanche 21 juillet, en finale du tournoi ATP 500 de Hambourg – le troisième échelon des tournois professionnels. Le Français de 20 ans a affiché un niveau de jeu impressionnant pendant plus de trois heures et demie et a fini par s’imposer face à Alexander Zverev, 4e joueur mondial (6-3, 3-6, 7-6), né dans cette ville portuaire du nord de l’Allemagne, et qui avait donc un public acquis à sa cause. Ce paramètre n’a pas dérangé Arthur Fils, au contraire. C’est bien lui qui a été le meilleur sur le court dans les nombreux moments de pression (il a remporté les seize premières balles de break qu’il a eu à sauver). Cette performance est de bon augure pour le Français, qui participera aux Jeux olympiques de Paris 2024, également sur terre battue, à Roland-Garros.
Ce match a été marqué par la tension entre les deux hommes, qui n’ont cessé de se brouiller pendant toute la rencontre à propos de balles jugées fautes ou non. Alexander Zverev a aussi reproché à Arthur Fils son attitude, qu’il semblait juger trop arrogante pour son jeune âge. La poignée de main, sans le moindre regard de l’Allemand vers son adversaire, est venue mettre un terme à un match plaisant à regarder, dans tous ses aspects. « J’ai tenté un service à la cuillère pour le déstabiliser en fin de match, ça n’a pas marché. Je m’en fiche, j’ai gagné », a réagi le Français après la rencontre. Lors de la remise du trophée, les deux joueurs sont toutefois apparus bien plus souriants et décontractés. Alexander Zverev a même arrosé Arthur Fils avec la bouteille de champagne que ce dernier venait de remporter.
« Je savais que ça finirait par payer à un moment »
Cette victoire est d’autant plus savoureuse pour Arthur Fils qu’il n’avait pas réussi à battre Alexander Zverev lors de leurs deux premiers affrontements (défaite à Hambourg en 2023 et à Halle en 2024). Ce titre est le troisième de sa jeune carrière, après celui obtenu lors du tournoi ATP 250 de Lyon, en mai 2023, et celui lors du modeste Challenger ATP 175 de Bordeaux, en mai 2024. Le Français, classé 28e à l’ATP, qui peinait à confirmer les espoirs placés en lui, commence à assumer son statut de grand espoir du tennis tricolore – Richard Gasquet le voit « s’installer dans le top 10, voire plus ».
Avant ce sacre à Hambourg, Arthur Fils avait alterné espoirs et déceptions cette année. Il s’était, par exemple, fait sortir au premier tour de Roland-Garros, pour se hisser en huitièmes de finale à Wimbledon un mois plus tard. « Depuis le début de la saison, je bosse très dur. Ça n’a pas payé à Roland, mais je savais que ça finirait par payer à un moment, expliquait Arthur Fils avant la finale. Maintenant, je joue bien, mais il ne faut pas s’enflammer. Le but est d’arriver à continuer à jouer mon meilleur tennis. »
Le natif de Bondoufle (Essonne) fait tout pour atteindre ses objectifs, et le public français n’a pas fini d’entendre parler de lui. Dans l’espoir d’optimiser les performances d’Arthur Fils, son entourage a pris des dispositions fortes. Déménagement à Dubaï, communication du joueur et de son clan totalement verrouillée aux médias en dehors des tournois… Placé dans cette bulle confortable, le joueur n’a désormais plus qu’à penser « tennis ». Ses proches ont également fait confiance à Sébastien Grosjean, ancien entraîneur des Bleus en Coupe Davis, pour l’aider à être performant dans les tournois majeurs.
Halys battu en finale au terme d’une belle semaine en Suisse
Un peu plus tôt dans la journée, son compatriote Quentin Halys était, lui aussi, en finale d’un tournoi, l’ATP 250 – l’échelon inférieur à l’ATP 500 – de Gstaad, en Suisse. Le Français, redescendu au 192e rang mondial (après avoir été 61e début 2023), était sorti des qualifications et avait donc enchaîné six victoires pour se hisser en finale. Mais contre l’Italien Matteo Berrettini, la fatigue de la semaine s’est fait ressentir. Quentin Halys n’est pas parvenu à se reposer sur son puissant service pour dicter le jeu et s’est rapidement incliné en deux sets (3-6, 1-6).
L’année 2024 reste très encourageante pour le joueur de 27 ans, qui devrait grimper aux alentours de la 125e place du classement ATP. Quentin Halys a récemment fait parler de lui à Wimbledon. Lors du Grand Chelem londonien, il était allé jusqu’en seizièmes de finale, où il avait emmené le prodigieux Holger Rune (17e) au cinquième set. Après une fin d’année 2023 décevante, le ciel semble de nouveau s’éclaircir pour Quentin Halys.
Mathieu Maine
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