Arnaud Lagardère sauve sa tête face à Amber Capital
Amber Capital a raté son coup d'état. L'assemblée générale du groupe Lagardère, réunie mardi 5 mai, a rejeté les résolutions proposées par le fonds activiste, qui n'ont réuni que 40% des voix environ. Amber Capital, devenu premier actionnaire avec 18% du capital et 14% des droits de vote, voulait nommer huit nouveaux membres au conseil de surveillance. Maigre consolation : Amber a toutefois réussi à bloquer une résolution proposée par la direction : le renouvellement au conseil de surveillance de Martine Chêne, rejeté à 52%.
Arnaud Lagardère - qui détient 7,3% du capital mais n'a pu lui-même voter sur les résolutions concernant le conseil de surveillance - s'est visiblement assuré du soutien du fonds souverain du Qatar (13% du capital mais 20% des droits de vote).
Arnaud Lagardère a apparemment aussi reçu le soutien de l'homme fort de Vivendi Vincent Bolloré. Le géant français des médias a annoncé récemment détenir 10,6% des parts de Lagardère, disant vouloir réaliser "un placement financier à long terme". Le financier Marc Ladreit de Lacharrière, autre figure du capitalisme français, qui vient également d'entrer au capital, restant toutefois en deçà de 5% du capital, a aussi voté contre Amber.
Auparavant, le président du conseil de surveillance, Patrick Valroff, avait recommandé de rejeter les résolutions d'Amber. Il les a qualifiées d'"irresponsables", de "contraires à l'intérêt du groupe", et les a accusées de "conduire à un blocage institutionnel". Il avait plaidé pour la nomination au conseil de surveillance de Nicolas Sarkozy, vantant son "solide bagage financier" et ses "réseaux à l'international".
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En pratique, l'assemblée s'est tenue à huis clos, en présence uniquement de quatre représentants de Lagardère, et d'un huissier. "Je vous retrouverai l'an prochain, je vous retrouverai l’année d'après", a glissé en ouverture Arnaud Lagardère, alors que son mandat de gérant doit être renouvelé (ou pas) dans un an. L'héritier s'est livré à une longue justification de sa stratégie, à commencer par les multiples cessions qui ont rétréci la taille du groupe : "Les conglomérats se font de plus en plus rares aujourd'hui. C'est l'évidence économique. Le formidable conglomérat qu'avait construit Jean-Luc Lagardère ne peut plus exister aujourd'hui, il en avait lui-même conscience. Sans trahir sa mémoire, nous nous sommes concentrés. Cette transformation a été assez radicale mais nécessaire. Et nous allons encore réduire les coûts et augmenter la rentabilité". Mais l'héritier a promis de "grandir" à nouveau, en "rêvant" de devenir numéro un mondial dans l'édition (il est aujourd'hui numéro 3) et dans le travel retail (boutiques dans les aéroports et les gares).
Par ailleurs, Arnaud Lagardère a expliqué avoir supprimé son dividende cette année car "nous avons vu que les aides de l'Etat et des banques seraient réservées aux entreprises qui ne versent pas de dividende". Or "nous pourrions avoir besoin de chômage partiel". Le secrétaire général Pierre Leroy a assuré qu'"aucun plan social n'est envisagé à ce jour".
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Les résolutions proposées par la gérance
- 5 : Ratification de la cooptation de Nicolas Sarkozy : adopté à 99,75%
- 6 : Ratification de la cooptation de Guillaume Pepy : adopté à 99,8%
- 7 : Renouvellement du mandat de Guillaume Pepy : adopté à 99,78%
- 8: Renouvellement du mandat de Martine Chêne : rejeté à 52%
Les résolutions proposées par Amber Capital
- A : Révocation de Jamal Benomar : rejeté à 62,76%
- B : Révocation de Yves Guillemot : rejeté à 68,27%
- C : Révocation de Soumia Malinbaum : rejeté à 57,33%
- D : Révocation de Gilles Petit : rejeté à 69,47%
- E : Révocation de Aline Sylla-Walbaum : rejeté à 57,2%
- F : Révocation de Susan L. Tolson : rejeté à 68,3%
- G : Révocation de Patrick Valroff : rejeté à 57,03%
- H : Nomination de Patrick Sayer : rejeté à 57,18%
- J : Nomination de Valérie Ohannessian : rejeté à 67,06%
- K : Nomination de Yann Duchesne : rejeté à 55,51%
- L : Nomination de Brigitte Taittinger-Jouyet : rejeté à 57,21%
- M : Nomination de Laurence Bret Stern : rejeté à 61,47%
- N : Nomination de Enrico Letta : rejeté à 62,9%
- O : Nomination de Elena Pisonero : rejeté à 57,22%
- P : Nomination de Stephan Haimo : rejeté à 68,28%
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