Azerbaïdjan-Arménie: Macron demande à Bakou de «revenir au respect du cessez-le-feu»
Haut-Karabakh
Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à «revenir au respect du cessez-le-feu» avec l’Arménie après de nouveaux affrontements meurtriers entre les deux pays. Lors d’un entretien téléphonique, il a «dit au président Aliev l’urgence de mettre fin aux hostilités, et de revenir au respect du cessez-le-feu», a indiqué l’Elysée, alors qu’au moins une centaine de soldats des deux côtés ont été tués mardi dans des combats.
Emmanuel Macron a «dit sa très grande inquiétude» face à ces nouveaux affrontements et insisté sur la nécessité d’«intensifier les efforts de négociation» entre les deux pays. Il a rappelé sa «disposition à y contribuer en lien avec tous les partenaires, notamment l’Union européenne», a ajouté la présidence française. Le président français s’est également entretenu dans la nuit de lundi à mardi avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Il a alors appelé au «respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie». L’Azerbaïdjan a accusé de son côté l’Arménie de violer «de manière intense» le cessez-le-feu annoncé par la Russie.
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L’Union européenne a réclamé l’arrêt des hostilités et annoncé que le président du Conseil européen Charles Michel, qui dirige une médiation entre Erevan et Bakou, allait discuter avec les deux belligérants. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé les dirigeants d’Azerbaïdjan et d’Arménie pour les exhorter à parvenir à la paix.
Le territoire disputé du Haut-Karabakh au cœur des tensionsAu cœur de cette escalade des tensions, le territoire disputé du Haut-Karabakh, déjà sujet de deux guerres en deux décennies entre Erevan et Bakou. Ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens, avait été intégré au territoire de l’Azerbaïdjan à l’époque soviétique. Lorsque le bloc soviétique s’effondre, une guerre de trois ans, entre 1991 et 1994, éclate entre les deux Etats pour déterminer l’appartenance de l’enclave, au terme de laquelle les séparatistes de l’ethnie arménienne du Haut-Karabakh font sécession. Malgré un cessez-le-feu précaire, les tensions et le souvenir de cette guerre aux 30 000 morts restent vifs dans la région, d’autant plus car les frontières établies par la guerre des années 90 n’ont jamais été reconnues. En 2020, une nouvelle guerre éclate. De violents combats font 6 500 morts en un mois et demi de conflit. En parallèle, les deux ex-Républiques soviétiques se livrent à une guerre informationnelle en s’invectivant sur les réseaux sociaux à coups de vidéos de propagande.
La guerre s’achève par un accord sous la médiation russe signée en novembre 2020, entérinant la victoire militaire azerbaïdjanaise. Les territoires du Haut-Karabakh conquis militairement par Bakou sont intégrés à l’Azerbaïdjan, tandis que 2 000 casques bleus russes sont déployés pour superviser la trêve. «La Russie était la médiatrice principale dans ces accords défavorables à Erevan. Les Arméniens ont vu déjà les limites de leur alliance avec Moscou, qui n’était pas intervenue militairement dans le Haut-Karabakh sous prétexte que la région n’est pas couverte par les accords de défense qui lient les deux Etats. Or, l’offensive d’hier attaque directement le territoire arménien, avec des villes comme Goris et Sotk, mais la Russie n’a toutefois plus les moyens d’intervenir militairement dans la région. La guerre en Ukraine a bouleversé les rapports de force dans le Caucase, au profit d’un tandem turco azéri», analyse Thorniké Gordadzé. Début août, une nouvelle vague d’affrontements dans la région avait fait trois morts après l’attaque de soldats azerbaïdjanais sur des positions tenues par l’armée arménienne, avec des drones armés, des mortiers et des lance-grenades, malgré la présence de militaires russes chargés du maintien de la paix.