Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken exhorte l'UE à ...

L’UE doit renforcer ses capacités industrielles de défense afin de soutenir l’Ukraine sur le temps long, a affirmé mardi (2 avril) le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’un passage éclair à Paris.

Il s’agit d’un « moment critique » pour l’Ukraine, a souligné M. Blinken, exhortant l’UE à renforcer ses capacités de production d’armes et munitions pour produire plus et plus rapidement, et soutenir l’Ukraine face à la Russie sur le long terme.

« Il s’agit d’un investissement en nous-mêmes », a expliqué le secrétaire d’Etat, estimant que « les défis auxquels l’Ukraine fait face ne disparaîtront pas demain, et nous devons donc nous assurer que nos propres capacités de défenses sont aussi solides que possible ».

M. Blinken est en tournée diplomatique éclair de deux jours, débutant à Paris, où il s’est entretenu avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, son homologue de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, et le président Emmanuel Macron.

Elle doit se poursuivre mercredi (3 avril) à Bruxelles, pour célébrer le 75e anniversaire de l’OTAN.

« Il est absolument essentiel de fournir aux Ukrainiens ce dont ils [ont] besoin pour se défendre, [notamment sur la question] des munitions et de la défense aérienne », a déclaré M. Blinken aux côtés de M. Lecornu lors d’une visite d’une usine de Nexter à Versailles, d’où sortent les lanceurs de missiles longue portée CAESAR.

M. Lecornu a confirmé pendant cet échange que le nombre de canons CAESAR produit tous les mois passerait de deux avant la guerre à 12 « dans les temps qui viendront ».

Kiev en état d’alerte

Le déplacement du secrétaire d’Etat américain intervient alors que Kiev alerte depuis plusieurs mois sur un manque crucial de munitions. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmait encore le mois dernier que seule une fraction des livraisons militaires promises par les Etats membres s’était concrétisée.

En février, de nombreux présidents et chefs de partis occidentaux s’étaient retrouvés à Paris lors d’un sommet exceptionnel sur l’Ukraine et avaient convenu de se procurer dans les meilleurs délais des munitions hors UE, afin de répondre aux besoins militaires ukrainiens les plus pressants.

Ils s’étaient également engagés, entre autres, à renforcer leur coopération en matière de livraison de missiles de moyenne et longue portée, de cyberdéfense et de coproduction d’armes sur le sol ukrainien.

Cette visite américaine « intervient à un moment critique pour l’Ukraine – et à un moment où le changement [d’approche] de la France [vis-à-vis de l’Ukraine] devient plus clair et plus crédible. C’est une opportunité pour Macron de préparer le terrain pour les autres réunions de M. Blinken en Europe », a souligné Gesine Weber, doctorante à l’université britannique King’s College London, sur le réseau social X.

Lors du sommet exceptionnel de février, M. Macron avait affirmé que l’envoi de troupes en Ukraine ne devait plus être exclu. Si de tels commentaires lui avaient attiré les foudres de nombreuses capitales européennes, ils signalaient en même temps une position plus dure et assumée de la France vis-à-vis de la Russie.

« Petit pas par petit pas »

Les États-Unis sont le premier soutien financier de l’Ukraine avec 67,7 milliards d’euros dépensés depuis le début de la guerre, soit 0,32 % du PIB, selon l’Institut Kiel.

Toutefois, un futur programme d’aide de 60 milliards de dollars (55,8 milliards d’euros) risque d’être rejeté par les membres républicains du Congrès américain.

Cette nouvelle manne d’argent « doit être mise en œuvre le plus rapidement possible. Elle est nécessaire maintenant et de toute urgence », a déclaré la secrétaire d’État.

M. Zelensky a clairement indiqué que l’Ukraine ne pouvait se passer du soutien des États-Unis, sous peine de quoi elle serait contrainte de se rendre « petit pas par petit pas ».