PORTRAIT. Alice Coffin, 50 nuances de féminisme
Frédéric Gouis
Alice Coffin sort un pamphlet contre les hommes, « Le génie lesbien », qui déclenche la polémique. La journaliste, militante et élue à la mairie de Paris veut « éliminer » les hommes de son univers.
Bio express
1978 : Naissance à Toulouse de parents ingénieurs en aéronautique.
2004 : Après philo à la Sorbonne et Sciences-Po Bordeaux, diplômée du Centre de formation des journalistes à Paris, elle devient journaliste à 20 Minutes.
2010 : Débute l’activisme féminin dans le collectif « La Barbe ».
2012 : Enseigne le journalisme à l’Institut catholique de Paris.
2013 : Cofonde et est élue coprésidente de l’Association des journalistes LGBT (AJL).
2020 : Élue (EELV) à la mairie de Paris.
2020 : Publie « Le génie lesbien » (Grasset).
Pourquoi parle-t-on d’elle ?
La publication de son premier ouvrage, Le génie lesbien, déclenche des réactions aussi outrancières que ses propos. Alice Coffin, journaliste, lesbienne, entend défendre les droits des femmes en dénonçant la domination masculine. Une cause dans l’air du temps. Alors, pourquoi ce flot de répliques épidermiques ? Et pas seulement émises par des hommes… C’est que l’activiste pousse le curseur très loin, dans une nuance extrême, excluant la gente masculine de son univers. Elle explique ne plus lire de livres écrits par des hommes, comme pour les films ou la musique. Et de lancer aux femmes : « Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer. » Depuis, elle a adouci son propos : « Je sais qu’en choisissant la généralisation, je déplais, car il est impossible à entendre qu’il y a un problème masculin. Mais c’est un discours politique, bien sûr que je ne pense pas que chaque homme est comme ça. »
Qui est-elle ?Alice Coffin a embrassé la cause féministe, puis LGBT, voilà une dizaine d’années. De façon classique jusque-là. En juillet dernier, à peine élue (EELV) au conseil de Paris, elle avait ainsi crié : « la honte, la honte », pendant qu’un hommage était rendu à Christophe Girard qui venait de démissionner. Adjoint à la culture au maire de Paris depuis des années, ce dernier assumait des liens avec l’écrivain Gabriel Matzneff, mis en cause pour viols sur mineurs.
Qu’en penser ?Alice Coffin n’a pas toujours visé les hommes. En juillet 2018, elle se rappelait sur Twitter avoir « vécu tant de soirées à Delaune » (le stade où évolue l’équipe de football de Reims) avec sa grand-mère, « emmitouflée dans les écharpes rouge et blanc » que cette dernière tricotait. Colette Coffin, qui venait de décéder à 93 ans, ne manquait pas un match de Reims depuis que son mari, pédiatre, avait détecté la maladie qui allait emporter un jeune enfant de Raymond Kopa, star du club. Alice Coffin a donc aimé le foot joué par des hommes. Depuis, elle veut les exclure de sa vie. C’est son choix. Qu’il convient de respecter. Après, cette voie, sans nuances, qu’elle entend tracer ne semble pas recueillir beaucoup de succès, notamment auprès d’autres activistes féministes.