ATP Pékin Carlos Alcaraz s'offre Jannik Sinner en finale au bout d ...

Ils ont été à la hauteur de leur réputation. Quand Carlos Alcaraz et Jannik Sinner croisent le fer sur le circuit, ils font presque systématiquement des étincelles et ce fut encore le cas mercredi à Pékin dans une finale riche en rebondissements. Finalement, l'Espagnol a eu le dernier mot au tie-break décisif (6-7, 6-4, 7-6) après 3h21 d'une lutte aussi intense qu'indécise. C'est sa troisième victoire d'affilée sur son rival italien et elle lui permet de décrocher son 16e titre, le 4e de sa saison. Il s'assure par la même occasion de redevenir numéro 2 mondial lundi prochain.

Pour la première fois de sa jeune carrière, Carlos Alcaraz a donc remporté un tournoi à l'automne. Déjà impressionnant en Laver Cup, l'Espagnol a confirmé qu'il avait retrouvé toutes ses jambes et son explosivité à Pékin et ce jusque dans cette finale à couteaux tirés face au numéro 1 mondial et récent vainqueur de l'US Open Jannik Sinner. Peu de choses ont séparé les deux hommes, mais le dénouement a consacré une prime à l'offensive aussi logique que réjouissante pour les yeux.

Car si Alcaraz s'était incliné ce mercredi, il aurait certainement longtemps ruminé sa défaite. Plus percutant, audacieux à chaque fois qu'il en a eu l'occasion, exécutant de nombreux retours-volées, l'Espagnol a mené 5-2 dans le premier set, avant de coincer. Débreaké à 5-3 – Sinner allant chercher son destin grâce notamment à un retour explosif de coup droit croisé –, il a obtenu une première balle de set à 6-5 à la relance, puis deux nouvelles à 6 points à 4 dans le tie-break. Mais d'un nouveau retour bloqué monstrueux de coup droit sur la troisième, le numéro 1 mondial a pris l'ascendant et est passé devant à sa première occasion.

C'était le premier d'une série de retournements de situation qui ont tenu en haleine un chanceux public chinois. "Carlitos" a obtenu les premières occasions de break dans le 2e set, mais Sinner, redoutablement solide, a continué à mieux gérer les points importants jusqu'à un jeu fondamental à 7-6, 4-3 en sa faveur. Pressant à la relance, l'Italien a obtenu deux occasions de ravir l'engagement adverse alors que les points ahurissants s'enchaînaient et l'intensité augmentait. Mais il n'y est pas parvenu, Alcaraz refusant alors de mourir. Et dans la foulée, ce dernier a surfé sur sa dynamique pour non seulement remettre les compteurs à zéro mais aussi s'échapper dans le 3e acte (6-7, 6-4, 3-1, 15/40).

Mais on n'avait encore rien vu. Au bord du K.-O., Sinner a écarté ces deux balles de double break, puis a refait son retard sur un mauvais jeu d'Alcaraz (6-7, 6-4, 4-4). Le scénario du premier set semblait alors se répéter, d'autant que dans le tie-break décisif, le numéro 1 mondial, agressif à la relance, s'offrait un double mini-break d'avance d'entrée (3 points à 0). C'était sans compter le panache et le brio de "Carlitos". Redoublant de percussion en coup droit (36 coups gagnants de ce côté sur 55 en tout !) et de maestria au filet, il a sorti de son chapeau une séquence éblouissante de 7 points d'affilée pour emporter la décision.

Le feu a donc fini par triompher de la glace, le génie d'Alcaraz supplantant son irrégularité parfois coupable (52 fautes directes). L'Espagnol, épatant par ses amorties, sa main au filet, ses feintes délicieuses en slices longs autant que par sa puissance de feu, a tout de même remporté 12 points de plus que son rival. Il était supérieur, mais Sinner aurait pu l'emporter en deux manches : c'est tout le paradoxe de cette finale et le sel de cette rivalité entre les deux meilleurs joueurs du monde. On en redemande à Shanghai.