L'émirat d'Abou Dhabi cible d'une attaque de drones
Après la stupeur, le risque de l’escalade. Les Emirats arabes unis (EAU) ont promis le 18 janvier que l’attaque qui les a ciblés lundi ne resterait pas « impunie ». Dans la matinée, les rebelles yéménites houthistes avaient revendiqué la frappe, sans précédent, qui a visé des installations pétrolières à Abou Dhabi, la capitale de la fédération du Golfe, faisant trois morts, deux ressortissants indiens et un Pakistanais.
Trois camions-citernes ont explosé « près des réservoirs de stockage » de la compagnie pétrolière de l’émirat, et un « incendie mineur » s’est produit dans « la nouvelle zone de construction de l’aéroport international d’Abou Dhabi », selon l’agence officielle émiratie WAM, qui précise que ces événements ont « probablement » été causés par des « drones », des « objets volants » étant « tombés » sur les deux lieux touchés.
L’implication exacte des rebelles yéménites reste à confirmer. Lors du bombardement de sites pétroliers saoudiens en septembre 2019, l’attaque revendiquée par les houthistes avait finalement été attribuée à une milice chiite irakienne pro-iranienne. Il s’agit dans tous les cas de la première attaque meurtrière sur le sol émirati depuis l’entrée en guerre en 2015 de la petite monarchie du Golfe contre les insurgés proches de l’Iran, au sein de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite. Dans la nuit, la coalition a annoncé avoir mené des bombardements aériens de représailles sur Sanaa, la capitale du Yémen, aux mains des houthistes.
Rôle décisif des « Géants »Annonçant le lancement d’une opération militaire baptisée « Ouragan du Yémen », les houthistes ont affirmé sur leur chaîne Al-Massira avoir « ciblé des installations et sites émiratis importants et sensibles » à l’aide de missiles balistiques et de drones. « Nous prévenons les entreprises étrangères, les citoyens et les résidents de l’Etat ennemi des Emirats qu’ils devraient se tenir éloignés des sites vitaux pour leur propre sécurité », a ajouté le porte-parole militaire des houthistes, Yahya Saree, dans une allocution sur Al-Massira.
Un responsable du groupe, Abdellilah Hajar, avait plus tôt affirmé à l’AFP à Sanaa que, « si les Emirats continuent d’agresser le Yémen, ils ne seront pas en mesure à l’avenir de supporter des frappes douloureuses ». Les houthistes avaient déjà menacé par le passé de frapper des cibles aux EAU et revendiqué des attaques qui n’ont jamais été confirmées par les autorités émiraties.
L’attaque contre Abou Dhabi s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle escalade des tensions entre les houthistes et la coalition arabe. Après avoir pris un temps leurs distances avec ce conflit, en réduisant leur présence militaire dans le Nord, les Emirats arabes unis ont relancé leur soutien aux forces progouvernementales. L’opération houthiste contre Abou Dhabi a sans doute été menée en représailles à l’offensive victorieuse des loyalistes dans la région pétrolière de Chabwa, dans le sud-est du pays. Une offensive qui, en deux semaines, a repoussé les houthistes et annulé les gains qu’ils avaient enregistrés sur ce front stratégique. Impliquée dans les combats, la brigade dite des « Géants », une force de plus de 10 000 hommes créée à Aden en 2015, armée et entraînée par les Emiratis, a eu un rôle décisif.
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