Sécurité, libertés, politique étrangère… Comment le 11 septembre ...
Il y a 23 ans, le monde entier avait les yeux rivés sur les États-Unis. Ce 11 septembre 2001, au moyen de deux avions de ligne détournés, l’organisation terroriste djihadiste Al-Qaïda allait percuter, en plein cœur de New York, les tours nord et sud du World Trade Center. Moins d’une heure après avoir été frappées, les deux structures s’effondrent en direct à la télévision et vont marquer au fer rouge ce début du XXIe siècle.
Ailleurs dans le pays, deux autres avions sont détournés et l’un d’entre eux s’écrase sur le Pentagone. Ainsi, 3 000 personnes perdent la vie et plus rien ne sera, plus jamais, pareil.
Tour de vis sécuritaire
En effet, sur le plan intérieur, les États-Unis ont mis en place des mesures de sécurité sans précédent. Parmi celles-ci, le USA Patriot Act, promulgué en octobre 2001, se distingue par l’élargissement des pouvoirs du gouvernement fédéral en matière de surveillance, de détention et d’interrogation des suspects.
Le texte de loi indique notamment : « Les autorités peuvent intercepter les communications par téléphones et ordinateurs lorsqu’il existe une suspicion de lien avec le terrorisme, afin d’assurer la sécurité nationale. » Cette législation a profondément modifié le paysage des libertés civiles aux États-Unis et a fait réagir. Selon Peter Neumann, expert en terrorisme au King’s College de Londres, « les attentats ont conduit à un renforcement massif des pouvoirs de surveillance, reléguant les préoccupations liées à la protection de la vie privée au second plan ».
Cet accroissement des pouvoirs de surveillance a soulevé d’importantes inquiétudes quant au respect de la vie privée. En 2013, l’ancien employé de la CIA Edward Snowden a révélé l’existence de programmes de surveillance de masse menés par la National Security Agency (NSA). Ces derniers comprenaient notamment la collecte de métadonnées des appels téléphoniques de millions de personnes et une surveillance sur Internet. Ainsi, le lanceur d’alerte déclarait, en juin 2013, au journal britannique The Guardian : « Ce que je veux, c’est que les gens comprennent que nous avons mis en place des systèmes de surveillance qui, dans le secret, ne respectent pas les droits fondamentaux des citoyens. »
La sécurité dans les aéroports a été bouleversée
Après les attentats du 11 septembre, les mesures de sécurité dans les aéroports américains ont, elles aussi, été considérablement renforcées. La création de la Transportation Security Administration (TSA) en novembre 2001 a marqué un tournant avec la mise en place de procédures beaucoup plus strictes, dont l’introduction de scanners corporels et de détecteurs d’explosifs. En parallèle, le 11 septembre a conduit à la création en 2002 de l’United States Department of Homeland Security (DHS), une institution destinée à coordonner les efforts de sécurité intérieure, en fusionnant 22 agences fédérales.
Avec un budget de plus de 100 milliards de dollars en 2024, la DHS a pour mission de protéger les frontières, de coordonner les réponses aux catastrophes et de lutter contre le terrorisme. L’analyste politique John Mueller note que « ces mesures de sécurité accrues traduisent un changement fondamental dans la manière dont l’Amérique perçoit sa vulnérabilité face aux menaces externes ».
« Guerre contre le terrorisme »
À l’international, les attentats organisés par Oussama Ben Laden ont marqué le début de la doctrine de la « guerre contre le terrorisme ». Cette politique s’est concrétisée par deux interventions majeures : l’invasion de l’Afghanistan en 2001 (validée par le Conseil de sécurité des Nations unies) et celle de l’Irak en 2003 (ne bénéficiant pas de l’aval du Conseil de sécurité).
En Afghanistan, l’objectif était de démanteler Al-Qaïda et de renverser les talibans, tandis qu’en Irak, la justification reposait sur la présence supposée d’armes de destruction massive, qui ne furent jamais trouvées. Pour Noam Chomsky, linguiste, analyste politique et figure de la gauche radicale américaine, « les attentats du 11 septembre ont servi de prétexte pour réaffirmer la domination militaire et économique des États-Unis ».
La période post-attentat a également marqué un tournant néoconservateur dans la politique étrangère américaine, se traduisant par un interventionnisme plus marqué, notamment à travers la stratégie des guerres préventives. Fareed Zakaria, journaliste et expert en relations internationales, souligne que « l’Amérique a quitté l’ère de la guerre froide pour entrer dans une nouvelle ère où les menaces non étatiques sont devenues prédominantes, redéfinissant ainsi ses relations internationales ».
Enfin, ces attentats ont également ravivé un sentiment patriotique intense aux États-Unis. Robert Putnam, politologue américain et professeur à l’université d’Harvard, a analysé la montée du patriotisme après le 11 septembre : « Les Américains ont ressenti un besoin profond de se rassembler en tant que communauté, et cette période a vu une explosion d’activités bénévoles et de gestes symboliques, comme l’affichage du drapeau américain. »
L’attaque d’Al-Qaida continue d’ailleurs d’être une référence majeure pour les responsables politiques de tous bords, plus de deux décennies plus tard. Ce 11 septembre 2024, les deux candidats à la présidentielle américaine Donald Trump et Kamala Harris se sont réunis à New York, lors d’un rarissime moment de concorde, pour rendre hommage aux victimes de l’attentat qui a traumatisé l’Amérique.