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Alice Coffin : branchée sur sectaire

Alice Coffin  branchée sur sectaire
L’élue EELV de Paris publie « Le génie lesbien », un pamphlet féministe si outrancier qu’il en dessert la cause qu’il prétend défendre.

L’élue EELV de Paris publie « Le génie lesbien », un pamphlet féministe si outrancier qu’il en dessert la cause qu’il prétend défendre.

Alice Coffin est journaliste, comme moi. Féministe, comme moi. Lesbienne, comme moi. C’est au nom de femmes comme moi donc que l’activiste prétend publier son premier livre, 240 pages pour clamer son mépris des hommes, des femmes hétérosexuelles et même des homosexuels, celles et ceux du monde du spectacle à qui elle reproche d’être « placardisés ». La cause est juste au départ, primordiale, impérative : défendre les droits des femmes contre le sexisme, dénoncer la domination masculine, les inégalités salariales, les crimes machistes et prétendre aux mêmes droits que n’importe qui sans qu’interfère son orientation sexuelle. Les armes choisies, malheureusement, nuisent au combat.

Chez Alice Coffin, la différence, pourtant revendiquée, est vue comme une menace quand elle est masculine. Elle demande l’inclusion et pourtant ne cesse d’exclure. Les stéréotypes de genre affluent, donnant une vision démodée de la sexualité, ignorant la bisexualité et la fluidité assumées aujourd’hui par la jeune génération. Dans un condensé simpliste et intransigeant, la militante met dans un même sac tous les hommes, renvoyés à une masse informe et indistincte, « des assaillants », écrit-elle. « Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer. » Tout en nuances, Alice Coffin précise qu’elle ne lit plus de livres écrits par des hommes, qu’elle ne regarde plus de films réalisés par des hommes, qu’elle n’écoute plus de musique composée par des hommes.

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Etre lesbienne fait de moi une meilleure journaliste

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La journaliste Caroline Fourest, féministe lesbienne, auprès de qui Alice Coffin a fait ses débuts de militante, s’inquiète : « Je suis atterrée par cette approche essentialiste, binaire et revancharde qui abîme des années de révolution subtile et flatte les clichés antiféministes. » Autre cible de la hargne d’Alice Coffin, 42 ans, dont dix passés dans la rédaction de « 20 minutes » : les médias. « Les rédactions françaises sont malades de médiocrité », juge-t-elle. « Etre lesbienne fait de moi une meilleure journaliste », ose-t-elle affirmer. A ses yeux, la presse serait complice de l’homophobie, responsable même, tandis que les journalistes sont, selon elle, des êtres peureux et réactionnaires, sans engagement ni conviction. Pour appuyer sa thèse, la nouvelle élue écolo de Paris oublie à dessein de citer la quantité d’articles, certes jamais suffisante mais sans cesse en progression, consacrés dans l’ensemble des médias français aux luttes homosexuelles et féministes, dénonçant les féminicides, donnant la parole aux femmes et aux homosexuels.

Alice Coffin ne convainc pas, elle assène

Selon elle, « les magazines ne cessent d’exposer la vie privée des personnalités. Lorsqu’elles sont hétérosexuelles ». Une affirmation mensongère puisque Paris Match, par exemple, raconte sans distinction la vie et les amours de célébrités homosexuelles, écrivains, chanteurs, acteurs, couturiers ou politiques. Amélie Mauresmo et sa compagne, Marc-Olivier Fogiel, son mari et leurs filles, Stéphane Bern et son compagnon ont même fait la couverture de notre magazine. Cette vue partiale illustre la méthode d’Alice Coffin. La jusqu’au-boutiste ne convainc pas, elle assène ; elle ne démontre pas, elle martèle ; elle ne pense pas, elle généralise. Censé être une apologie du droit à la différence, son argumentaire dévoile au contraire une idéologie rétractée, communautariste, teintée de sectarisme.

Le titre de l’essai résume la pensée – et l’ouverture d’esprit – d’Alice Coffin : « Le génie lesbien », présupposant qu’une communauté, définie par ses préférences sexuelles, serait supérieure aux autres. Il faut sans doute du génie pour vivre l’adversité d’être issue d’une minorité, mais il n’y a certainement pas de génie procuré par l’identité. « Le féminisme a du génie, le lesbianisme politique aussi, reconnaît Caroline Fourest. Mais on n’est pas géniale parce qu’on est lesbienne. Et je crains que ce livre ne le démontre. »

"Le génie lesbien", d'Alice Coffin, éd. Grasset, 240 pages, 19 euros.

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