Enlèvement de Santiago : ce que l'on sait du rapt d'un nourrisson ...
Les parents d'un nourrisson, né prématuré, sont suspectés d'avoir enlevé leur enfant dans la maternité de l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, lundi soir entre 23h et 23h30. L'alerte enlèvement a été déclenchée ce mardi matin, puis a été levée en début de soirée. "Santiago n'a pas été retrouvé, l'enquête se poursuit", a indiqué le parquet peu avant 19h. Les parents sont soupçonnés d'avoir gagné la Belgique. Un avis de recherche national a été lancé mardi soir en Belgique pour tenter de retrouver le nourrisson.
Le petit garçon, Santiago, est âgé de 17 jours. Les cheveux blonds, il était habillé au moment de l'enlèvement d'un T-shirt marron de taille 6 mois et d'un pyjama blanc en velours épais, détaille dans un communiqué le ministère de la Justice. Le nourrisson, étant prématuré, nécessite "une prise en charge médicale constante", prévient le ministère.
Le père est un "homme âgé de 23 ans, habillé d’un jean sombre, d’un T-shirt blanc, d’un blouson en jean bleu clair et d’un sur-blouson noir". La mère est "une femme âgée de 25 ans, habillée d’un pull blanc, d’un blouson sans manche bleu clair et d’une jupe verte". Ils sont "déjà connus des services de police et de la justice", précise le procureur de Bobigny Eric Mathais.
Le bébé dissimulé dans un sac à main ?
La police a été avertie peu après minuit par le personnel du service de néonatologie de la disparition du bébé, a appris franceinfo de source proche du dossier. L'hôpital a été "alerté par le débranchement des capteurs cardiaques", indique le procureur de Bobigny. Les enquêteurs, qui ont exploité les caméras de vidéosurveillance, soupçonnent les parents d'avoir quitté la maternité en dissimulant le bébé dans un sac "type cabas noir", "possiblement au moyen d'un véhicule de couleur claire, avec à bord trois autres individus", rapporte le procureur.
Une fois l'enlèvement constaté, les policiers ont "vainement" tenté "de contacter la mère sur son téléphone", se sont rendus "aux adresses déclarées par les parents" et "par l'intermédiaire de membres de la famille", indique le procureur.
Des recherches ont été menées au domicile des parents à Noisy-le-Sec, ainsi qu'à l'adresse de plusieurs membres de leur famille. Cinq personnes, proches des parents de Santiago, ont été interpellées et placées en garde à vue, a également appris franceinfo, confirmant une information de BFMTV. Ces cinq personnes, âgées de 16 à 29 ans, sont actuellement en garde à vue pour enlèvement en bande organisée et entendues par les enquêteurs.
Un risque élevé pour la vie de l'enfant
Pour Christophe Batard, pédiatre à Vincennes (Val-de-Marne) et membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire, la situation de Santiago est "dramatique". La vie de l'enfant est en jeu puisque le nourrisson, né prématurément, nécessite une prise en charge médicale constante. Christophe Batard explique sur franceinfo que cette prise en charge signifie qu'on est "dans un milieu hyper protégé, avec une surveillance humaine et matérielle qui veillent minute par minute sur le bébé". Concernant Santiago "plus le temps passe, plus ça risque d'aggraver son état" puisque les bébés prématurés pèsent "des tout petits poids" et sont "fragiles".
Christophe Batard espère que les parents "sont partis dans un autre système hospitalier et qu'il y aura un bon dénouement" à cette histoire. Ce qui compte, selon lui, c'est que Santiago "soit dans les mains de docteurs, d'infirmières" qui pourront "s'en occuper immédiatement". Selon lui, les parents doivent comprendre que "l'enfant risque la mort chaque heure qui passe".
Des recherches en Belgique
La justice française a sollicité ce mardi la coopération des autorités belges dans l'enquête : "L'important travail" réalisé par les enquêteurs de la police judiciaire permet "de penser que le couple aurait pu gagner la Belgique avec le nourrisson dans la nuit", a déclaré le procureur de Bobigny dans un communiqué. Mardi soir, un avis de recherche national a été lancé dans le pays, a annoncé la police. Diffusé sur le site de la police fédérale et relayé par l'association de protection de l'enfance Child Focus, il est accompagné de photos des parents, âgés d'une vingtaine d'années et soupçonnés d'avoir enlevé le nouveau-né. Y figure aussi un cliché de la voiture que les parents sont soupçonnés d'avoir utilisée, "une Audi A4 bleu foncé immatriculée en France avec la plaque GR-956-ZV", ajoute la police belge.
Adopté en France en février 2006, le dispositif Alerte enlèvement consiste à lancer une alerte massive en cas de rapt d'enfant mineur pour mobiliser la population dans la recherche de l'enfant et de son ravisseur. Il a été déclenché en France à une trentaine de reprises jusqu'à présent. Il n'est activé que si plusieurs critères sont réunis : il faut un enlèvement avéré et pas une simple disparition, la victime doit être mineure, son intégrité physique ou sa vie doivent être en danger et des éléments d'information doivent permettre de la localiser.