Carlos Alcaraz renverse Jannik Sinner et se qualifie pour la finale à ...
Ce ne fut pas le plus majestueux, le plus ébouriffant et le plus inoubliable des affrontements entre ces deux jeunes talents nés pour régner, aujourd'hui, demain et longtemps, sur le tennis mondial. Mais la victoire de Carlos Alcaraz (1-6, 6-3, 6-2) sur l'invaincu mais vincible désormais, Jannik Sinner - 19 victoires - 0 défaite depuis fin novembre avant cette demi-finale -, est forcément riche d'enseignements pour la suite.
On avait encore des images en tête, celles de ce quart de finale grandiose et génial à l'US Open 2022, paraphé dans le sublime par l'Espagnol en cinq sets à 2 h 50 du matin. On en aurait voulu presque autant ce samedi. Mais ce ne fut pas vraiment le cas. D'abord, parce que ce choc a mis longtemps à démarrer. Indian Wells avait tendu un voile gris et pluvieux sur son désert paradisiaque en ce début d'après-midi et il fallut attendre près de trois heures et deux coupures pour que le match ne se lance vraiment, à 2-1 en faveur de Sinner.
Les deux talents s'étaient marrés dans le couloir, avant leur entrée sur scène, devisant comme des potes, veste de survêt et short à l'identique. Il y avait quelque chose de candide et d'insouciant dans cette scène, qui précédait la bagarre et les grands « brins » ! Ensuite, cette demi-finale a manqué de relief dans l'ensemble parce que les périodes où les deux hommes ont été brillants ont rarement coïncidé, hormis peut-être les trois premiers jeux du deuxième set.
À la reprise, après la pluie, c'est d'abord la régularité, la puissance et la longueur de balles à l'échange de l'Italien qui pesaient sur le match d'un poids trop lourd pour « Carlitos ». Repoussé, agressé par les frappes tendues du dernier vainqueur de l'Open d'Australie, Alcaraz ne parvenait pas à tenir le tempo et était souvent acculé.
Les ajustements et la créativité d'Alcaraz
Mais l'Espagnol a du mental et il est désormais capable, à 20 ans, de sentir l'affaire et d'ajuster son tennis. C'est ce qu'il fit remarquablement dans le deuxième set. En arrondissant certaines trajectoires à l'échange, pour se donner du temps et casser le rythme de l'Italien, en étant plus créatif ensuite, allant chercher les points au filet, recourant, évidemment, à l'amortie, qui fit mal, très mal à Sinner. L'Italien, trop attentiste et fautif sur sa mise en jeu à 2-1, l'y aidait même et cédait son service. Malgré un ou deux points somptueux comme cette contre-amortie de revers glissée court, Sinner ne reviendrait pas et « Carlitos » chassait même une dernière occasion de débreak, à 5-3, d'un contre en revers long de ligne imparable.
Il y aurait un troisième set et l'on voulait que les deux « mômes » enfin se rencontrent et s'expliquent totalement. Mais Sinner coinçait, clairement. Un fléchissement physique, notable, qui lui faisait perdre un mètre en longueur de balle et installait le n°2 mondial en patron. Et sur la balle de break, à 1-1, « Carlitos » claquait une volée haute de coup droit, Sinner s'arrachait pour remettre la balle en jeu et se faisait, visiblement, mal à la main dans la chute.
Derrière, l'Italien disparaissait du match. Son service ne pesait plus grand-chose, son coup droit partait en capilotade et les fautes se répétaient à l'échange. Alcaraz gérait tranquillement sa 11e victoire de rang à Indian Wells et la qualification pour une deuxième finale consécutive dans le désert californien. Après une parenthèse sud-américaine peu convaincante, l'Espagnol est de retour aux affaires et les choses se remettent en place. Dimanche, le Murcien de 20 ans défiera Daniil Medvedev ou Tommy Paul pour tenter de conserver son titre et poinçonner un treizième trophée au tableau.