De premiers exilés transférés vers les centres italiens construits en ...
De premiers exilés en provenance de l’ile de Lampedusa ont embarqué sur un navire de la marine italienne, le Libra, et devraient arriver mercredi 16 octobre en Albanie, où deux centres ont été construits par les autorités de Rome pour étudier les demandes d’asile des migrants interceptés en mer.
Selon les autorités italiennes, des vérifications ont été effectuées à bord du Libra pour s’assurer que les exilés répondaient aux critères de l’accord récemment conclu entre l’Albanie et l’Italie.
Ce dernier stipule que les personnes transférées doivent être originaires de pays « sûrs », être des hommes adultes et ne pas être considérés comme « vulnérables ». La majorité des exilés transférés seraient originaires d’Égypte et du Bangladesh.
Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, avait récemment confirmé de premiers transferts vers l’Albanie, après des mois de retard. Le traitement des demandes d’asile des migrants respectera selon lui les lois italiennes et européennes.
L’accord relatif aux centres gérés par l’Italie en Albanie a été signé par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président albanais Edi Rama l’année dernière et les centres auraient dû ouvrir leurs portes en mai 2024. De multiples retards ont cependant retardé la mise en œuvre de l’accord.
Les personnes envoyées en Albanie devraient être fixées sur leur sort en quatre semaines. Si l’asile leur est accordé, elles seront transférées en Italie et placées dans des centres d’accueil. Si leur demande est rejetée, elles seront renvoyées dans leur pays d’origine.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a qualifié mardi 15 octobre de « courageux » l’accord signé avec l’Albanie, même si ce dernier est loin de faire l’unanimité.
« C’est une voie nouvelle, courageuse, inédite, mais qui reflète parfaitement l’esprit européen et qui pourra être mise en place par d’autres pays situés hors de l’UE », a-t-elle déclaré devant les sénateurs italiens.
Cet accord suscite des inquiétudes, non seulement sur le plan opérationnel, mais aussi aux niveaux juridique et des droits humains. Beaucoup se demandent aussi pourquoi l’examen des dossiers des personnes transférées en Albanie devrait être prioritaire par rapport à ceux des migrants qui attendent depuis des mois sur le sol italien.
Amnesty International a souligné lundi 14 octobre avoir de sérieuses inquiétudes quant au respect des droits humains. Selon l’ONG, l’Italie pourrait violer ses obligations internationales en plaçant des migrants en détention automatique.
Un récent arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), rendu le 4 octobre dernier, pourrait aussi compliquer les choses, et potentiellement menacer l’accord conclu entre Rome et Tirana. Selon cet arrêt, un pays ne peut être considéré comme « sûr », que si l’ensemble du territoire de ce dernier est considéré comme étant sans danger.
Quinze des 22 États figurant sur la liste des pays « sûrs » de l’Italie, comme la Tunisie, l’Égypte et le Bangladesh, ne remplissent pas cette condition.
[Édité par Anna Martino et Laurent Geslin]