Chute et abandon, la triste rentrée de Julian Alaphilippe à la ...
Avant de s’élancer, à Gand (Belgique), sur le circuit Het Nieuwsblad, Julian Alaphilippe devait, en plus de visualiser le parcours long de quelque 200 kilomètres, se remémorer la polémique dans laquelle sa compagne et lui sont embourbés. Le Français, au cœur d’un psychodrame après les violentes critiques de son patron de la Soudal Quick-Step, Patrick Lefevere, voulait « redevenir la meilleure version » de lui-même samedi, sur le circuit Het Nieuwsblad, lors de la première grande course belge de la saison.
Victime d’une lourde chute dans les derniers kilomètres, samedi 24 février, le double champion du monde (2020 et 2021) a manqué son objectif et été contraint de jeter l’éponge dans l’épreuve remportée par le Slovène Jan Tratnik (Team Visma Lease a Bike). Un abandon qui résonne avec les critiques acerbes de son manageur, jugeant les émoluments de son coureur en inadéquation avec ses résultats. Julian Alaphilippe n’a levé les bras qu’à trois reprises depuis sa grave chute à Liège-Bastogne-Liège en 2022.
« Trop de fêtes, trop d’alcool », « sous la coupe de sa compagne Marion Rousse » : dans une interview accordée au magazine belge Humo, publiée mardi 20 février, Patrick Lefevere vilipendait le mode de vie de son coureur.
Dans la foulée, la compagne de Julian Alaphilippe et directrice du Tour de France Femmes s’était insurgée contre les propos tenus par le gourou flamand de la formation belge. « En aucun cas je ne vous permets de parler de ma vie privée. Merci désormais de cesser de parler à tort et à travers et de faire preuve de davantage de respect et… de classe » , a tancé, le 21 février, sur X, Marion Rousse, championne de France 2012.
« Ce n’était pas mon intention de l’offenser »
Alors que la polémique enflait, au point que le président du syndicat des coureurs, Pascal Chanteur, a enjoint le manageur de « cesser immédiatement sa manière de faire et son harcèlement systématique », Patrick Lefevere a tenté de faire retomber la pression.
Assis aux côtés de son coureur, jeudi, en conférence de presse, le manageur flamand de 69 ans a reconnu avoir « peut-être » commis une erreur de communication, tout en assurant que son « néerlandais a peut-être été mal compris lors d’un passage de trois minutes dans une interview de trois heures ».
Patrick Lefevere a précisé qu’il avait adressé des reproches directement à Alaphilippe lors d’une réunion en novembre 2022, soit il y a presque un an et demi, et que, depuis, il n’avait rien à redire. « Je lui avais dit qu’il devait mieux faire et travailler dur, ce que Julian a fait. Ce n’était pas mon intention du tout de l’offenser, mais la presse s’en est emparée, sa femme a réagi et ça a fait les gros titres en France, de manière complètement inutile », a-t-il jugé.
Le vétéran flamand n’en est pas à sa première polémique. Dans un entretien accordé en début de saison au Monde, la nouvelle star de l’équipe Soudal Quick-Step, Remco Evenepoel, constatait que « c’était sa manière de faire » pour stimuler ses coureurs.
Un « retour au premier plan » ambitionné
Bien que l’issue n’ait pas été favorable pour Julian Alaphilippe, samedi, l’ambiance semble s’être détendue. Lors de la reconnaissance du parcours, le Français s’est affiché devant le bus de son équipe, accompagné de sa compagne et de leur jeune fils, tout sourire. Reste que cet incident est un nouvel épisode des tensions entre la star française et son manageur, qu’il côtoie depuis dix ans.
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La saison passée, Patrick Lefevere avait regretté que le vainqueur de Milan-San Remo 2019 « mangeait une grande partie de [son] budget » sans grands résultats, pointant le salaire important (estimé à 2,3 millions d’euros par saison) du Français. Il y a quelques semaines, il avait critiqué sa manière de courir « pas très intelligente », tout en annonçant sa non-sélection pour le Tour cet été (29 juin-21 juillet).
Avec cette lourde chute, Julian Alaphilippe ne devrait pas participer, dimanche, à la course belge Kuurne-Bruxelles-Kuurne, lui qui ambitionnait, jeudi, en conférence de presse, « un retour au premier plan ». Retour qui devait attendre le début de la campagne italienne (Strade Bianche, Tirreno-Adriatico, Milan-San Remo), avant son principal objectif de ce début de saison : le Tour des Flandres le 31 mars.
Oscar Korbosli