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Harcèlement moral à «Stade 2» : «On a été sacrifiés pour l'exemple», tonne Alain Vernon

Harcèlement moral à Stade 2  On a été sacrifiés pour lexemple tonne Alain Vernon
Figure historique de « Stade 2 », Alain Vernon, licencié avec deux collègues pour harcèlement moral et sexisme, nous annonce en exclusivité

« Est-ce qu'on vire quelqu'un pour ça? » Estelle Denis a été la première à réagir, sur Europe 1, en début de semaine, au licenciement de trois journalistes et au blâme infligé à un quatrième pour des faits de harcèlement moral et sexisme à la rédaction des sports de France TV et surtout à « Stade 2 », après les accusations de l'ex-présentatrice Clémentine Sarlat.

Estelle Denis n'a jamais travaillé à « Stade 2 », mais la journaliste de la chaîne l'Equipe a été l'une des premières à s'imposer dans ce monde hyper-masculin. Reste qu'elle commentait une ou deux blagues douteuses rapportées dans la presse et non l'audit réalisé par un cabinet externe qui a recueilli 115 témoignages sur l'ambiance au service Sports de France Télévisions.

Aujourd'hui, dans un climat extrêmement pesant, certains, comme Dominique Le Glou, ancien rédacteur en chef de « Stade 2 », sont venus au soutien d'Alain Vernon, 64 ans, dont trente-huit passés à la rédaction du service des Sports de France Télévisions. Licencié, ce dernier se défend dans un entretien accordé au Parisien.

Lui donner la parole ne vaut pas approbation. La procédure est en cours et le journaliste annonce qu'il attaquera son employeur aux prud'hommes.

Comprenez-vous la décision de France Télévisions ?

ALAIN VERNON. Non. Je suis abasourdi. Mon licenciement, comme ceux de mes deux camarades que je soutiens de tout cœur, est incompréhensible et inadmissible. Je vais évidemment le contester aux prud'hommes. Ce licenciement abusif s'appuie sur des dénonciations mensongères, des propos diffamatoires qui créent un énorme préjudice sur ma carrière. D'ailleurs, je suis licencié pour « faute légère ». Si j'avais harcelé des femmes, j'aurais été licencié pour « faute grave ».

L'enquête interne menée par un cabinet indépendant vous désigne nommément. Les conclusions de leurs 115 interviews témoignent de faits de harcèlement moral et des comportements sexistes, des phrases du style « Je la baiserais bien celle-là »…

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Tout cela est absolument mensonger. Je n'ai jamais prononcé les phrases que l'on me reproche. Je n'ai jamais franchi de ligne rouge dans mon travail. D'abord parce que mon épouse travaille à France Télévisions. Elle est scandalisée par ce qui m'arrive. Je vous assure qu'elle aurait été mise au courant si j'avais fait des « demandes insistantes de dîner » à l'une de mes collègues. Ensuite car je suis l'un des plus féministes de la rédaction. Comme délégué syndical puis délégué du personnel, j'ai défendu plusieurs femmes dans des dossiers de harcèlements sexuels dans la maison. Depuis des années, je soutiens à bout de bras le sport féminin, notamment le football. Bref, si j'étais misogyne, ça se saurait. J'ai reçu des messages de soutien d'une cinquantaine de salariés de cette rédaction et de plusieurs joueuses de l'équipe de France de football.

Ces accusations n'ont pas été inventées…

Ce sont des règlements de compte. Il y a en tout trois femmes qui m'accusent dans le rapport final. Une d'entre elles, ne m'adresse plus la parole depuis au moins dix ans car elle me reproche un vieux combat syndical…

Vous avez été entendu par le cabinet ?

Oui, mais ils ne m'ont pas demandé de m'expliquer sur des faits précis, ni de fournir des preuves. Ils n'ont pas confronté les témoignages ni cherché de témoins, comme on le fait dans une enquête journalistique ou policière.

Avez-vous l'impression d'avoir travaillé pendant trente ans dans un service sexiste ?

Du temps de Robert Chapatte ou plus récemment de Pierre Salviac, c'était très masculin. Les femmes n'étaient pas les bienvenues. A l'époque, je me battais pour elles. Aux Jeux de Sydney, j'ai dénoncé un directeur qui avait des pratiques douteuses envers les femmes. Et j'ai été éjecté de « Stade 2 ». Mais c'était il y a vingt ans ! Depuis six ans, il y a eu un profond renouvellement dans la rédaction. Onze femmes journalistes sont passées dans notre service. L'ambiance n'a jamais été aussi sympa.

Quel est votre message à Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions ?

Je soutiens Delphine Ernotte à 100 % sur la lutte contre le sexisme. Et sur le fait qu'il n'y ait pas assez de femmes dans les rédactions de sport. Moins dans sa chasse aux hommes blancs de plus de 50 ans. Dans ce dossier, elle a cru ces femmes sur parole. Et on a été sacrifié pour l'exemple. Je dénonce une chasse aux sorcières et aux hommes, menée par un féminisme aveugle. Beaucoup savent qu'elle a fait une erreur car elle avait promis au CSA des sanctions exemplaires. Dans cette affaire, la démocratie d'opinion a piétiné les principes généraux du droit. On ne peut pas licencier des gens aveuglément sans vérifier. #MeToo m'a tué.

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