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Hier soir à Courbevoie... Alain Souchon

Hier soir à Courbevoie Alain Souchon
Après une longue tournée avec Laurent Voulzy, le chanteur reprenait la route en solo pour défendre son nouvel album «Ame fifties». Nous y étions.

Après une longue tournée avec Laurent Voulzy, le chanteur reprenait la route en solo pour défendre son nouvel album «Ame fifties». Nous y étions.

Il est 20h30 quand les lumières du Centre Evénementiel de Courbevoie s’éteignent. Tous les spectateurs ne sont pas encore assis, mais déjà résonnent les premiers accords de «Allo maman bobo». Alain Souchon apparaît guitare en bandoulière et balance d’emblée l’un de ses plus grands tubes. Chic dans sa veste noire et sa chemise blanche, affuté dans son jeans, Souchon porte pourtant sur son visage le regard du garçon saisi par le trac. Ses quatre musiciens s’installent pendant qu’il chante et voilà qu’ils entament la «Ballade de Jim». Le son est carré, précis, et la foule écoute religieusement. Presque trop poliment. Car Alain enchaîne ensuite avec «Le baiser » autre chanson phare de son répertoire. Ce soir, clairement, la place est donnée à ses titres les plus connus. Qui s’en plaindrait ?

Souchon le visionnaire

Les quatre musiciens sont disposés sur une estrade posée sur le fond la scène, laissant le chanteur occuper tout l’espace devant. Pas besoin de projections, ni d’écrans. Les chansons sont suffisamment fortes pour accaparer l’auditeur. Alain plonge enfin dans «Ame fifties», interprétée avec émotion, puis prend la parole. «Dans les années 50, il y avait des marchandes de quatre saisons, qui vendaient des oranges, puis des pommes, selon la saison. Puis on allait en forêt, on pataugeait dans des marres dans lesquelles il y avait des salamandres, il y avait des tout petits hélicoptères qu’on appelait des libellules. Tout ceci a disparu » dit-il de sa voix drôle et mélancolique. Souchon vient sans l’expliciter de se lancer dans une séquence sociale. «Pardon», sortie en 1999, raconte les ravages que l’homme fait au monde, ce qui permet au groupe de monter en puissance. «Ultra moderne solitude» écrite en 1989 nous renvoie à notre société contemporaine, où l’on est de plus en plus seuls face à nos écrans. Souchon imaginait-il alors être aussi visionnaire ? Il ne dit rien, mais chante.

Alain Souchon en concert à Courbevoie le 26 octobre 2019

Alain Souchon en concert à Courbevoie le 26 octobre 2019 © Benjamin Locoge

Le voilà qui s’interroge sur nos angoisses. «Parce que oui parfois on a la cœur serré à cause de plein de choses. Alors on mange des gâteaux». «Papa Mambo» ne pose pas de questions mais affirme «on est foutu on mange trop». Dire que ce morceau date de 1978. Et qu’il serait presque mal vu de nos jours de mettre aussi brutalement les pieds dans le plat…. Souchon a tombé la veste et commence à faire le zouave avec ses bras ou ses grimaces. Cette fois, la rigueur du début a disparu au profit d’une liberté vocale totale. Souchon ne force pas, Souchon ne danse pas, Souchon ne fait pas appel à des filles en maillot de bain pour agrémenter son spectacle. Non, il est concentré, occupé à son travail. «Une autre solution contre l’angoisse, c’est aussi d’acheter des jeans. Ou des sacs» raconte-il pour mieux lancer «putain, ça penche» chanson de «la Vie Théodore» où il balance les noms des marques qui obsèdent les consommateurs. Là aussi, le texte n’a rien perdu de sa pertinence. Souchon sait depuis longtemps que les grands discours ne changent plus le monde. Mais peut-être que ces «petites chansons» ne sont pas pour rien dans la prise de conscience du danger écologique qui nous obsède.

Aucun homme politique n’arriverait à mieux décrire notre société, ses problèmes, ses conflits et ses errances

Le voilà qui s’empare de nouveau d’une guitare pour mieux chanter «Un terrain en pente» deuxième extrait de «Ame fifties», chanson magique sur l’abandon des classes moyennes, qu’il observe avec une désinvolture presque politique. «Ici et là» qui évoque le fossé qui se creuse entre Paris et la banlieue, suit de manière logique. Difficile de ne pas être impressionné par la précision de ses mots, par sa poésie désabusée mais tellement nécessaire. Et histoire d’enfoncer le clou, voilà « Le bagad de lann-bihoué », et son mémorable «tu la voyais pas comme ça ta vie, pas d’attaché-case quand t’étais petit… » Aucun homme politique n’arriverait à mieux décrire notre société, ses problèmes, ses conflits et ses errances. Si l’élection présidentielle avait eu lieu hier soir à Courbevoie, Alain Souchon aurait été élu haut la main. Et dès le premier tour.

Notre web-série : Alain Souchon et Laurent Voulzy, duo de choc

Mais Souchon ne va pas lâcher l’affaire pour autant. «C’est déjà ça», rappelle-t-il lui a valu un jour un baiser d’un dame qu’il ne connaissait pas. «Une dame qui était aussi belle que Naomi Campbell» souligne-t-il. «Et si en plus y’a personne» chantée accompagnée uniquement de la guitare de Michel-Yves Kochmann permet ce moment de grâce que l’on attend de chaque concert. Sonnant aussi le début d’une autre aventure.

Ovations en pagaille

Car dans sa deuxième partie, le show va faire plaisir aux fans les plus pointus, Souchon se confrontant à des titres oubliés ou moins connus. Il y aura une version loupée de «La beauté d’Ava Gardner» ou ses «Filles électriques», jolie fable sur l’amour, ou encore cette version seule au piano de «on se cache des choses». Cette parenthèse terminée, Souchon se lance sur l’autoroute des grands succès, permettant au public de Courbevoie de donner de la voix. «Jamais content» flirte avec «quand je serais Ko», tandis que «Sous les jupes des filles » précède «L’amour à la machine». Avant que «Rame» et «Foule Sentimentale» forcent enfin le public à se lever. Cette fois Alain court d’un bout à l’autre de la scène, demande à être encore et encore ovationné. «J’aime bien quand vous faites wooo» dit-il. 90 minutes viennent de s’écouler. Personne n’a songé à regarder sa montre.

Alain Souchon en concert à Courbevoie le 26 octobre 2019

Alain Souchon en concert à Courbevoie le 26 octobre 2019 © Benjamin Locoge

Au rappel, Souchon ressort «Chanter c’est lancer des balles», véritable déclaration d’amour à son métier, à ses enjeux, qu’il chante la chemise sortie du jean. Un détour dans le répertoire des années 70 lui permet de reprendre avec aisance «y’a d’la rumba dans l’air». Manière de conclure sur note légère et nostalgique. Souchon salue avec ses musiciens. Mais s’empare une dernière fois de sa six-cordes. «A la répétition, ils m’ont dit que ce serait mieux si on faisait celle-là ensemble. Mais non, je préfère la faire tout seul». «La vie ne vaut rien» conclut la soirée avec une justesse folle. Car oui, «rien ne vaut la vie». Et avec Alain Souchon hier soir à Courbevoie, elle était pendant près de deux heures, un peu plus belle que d’habitude.

Setlist du 26 octobre, Courbevoie, Centre Evénementiel

1/ Allo maman bobo2/ Ballade de Jim3/ La Baiser4/ Ame fifties5/ Pardon6/ Ultra moderne solitude7/ Papa Mambo8/ Putain ça penche9/ Un terrain en pente10/ Ici et là11/ Le bagad de Lann-Bihoué12/ C’est déjà ça13/ Presque14/ Et si en plus y’a personne15/ La beauté d’Ava Gardner16/ Les filles électriques17/ On se cache des choses18/ Jamais Content19/ Quand je serais KO20/ Sous les jupes des filles21/ L’amour à la machine22/ Rame23/ Foule Sentimentale24/ Chanter, c’est lancer des balles25/ Y’a d’la rumba dans l’air26/ La vie ne vaut rien

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