« Alain Souchon, la bande originale de sa vie », full sentimental
D’habitude, pas toujours mais assez souvent, on peut reprocher à la série de documentaires « Un jour, un destin » de négliger la carrière des artistes au profit de leur vie privée dans ce qu’elle a de sensationnel. Pas ici. Fanny Guiard-Norel, l’auteure d’« Alain Souchon, la bande originale de sa vie », ne s’appesantit même pas sur l’accident de voiture en pleine montagne qui coûta la vie au père du jeune Alain, alors âgé de 14 ans. On apprend juste qu’il en reste la chanson « Dix-huit ans que je t’ai à l’œil », planquée dans l’album « Jamais content » de 1977.
Un auteur incomparable, au second degré très britishLa documentariste se contente de dresser le portrait d’Alain Souchon, un chanteur normal : marié une seule fois, pour l’éternité, père de deux enfants, aimant la poésie, la voile, la marche et ses ami(e)s. Ils sont là pour en témoigner : ses fils Charles et Pierre, Edouard Baer, Jane Birkin, Muriel Teodori, David McNeil, Vincent Delerm, ainsi que quelques-uns de ses musiciens. Dont Laurent Voulzy, compositeur de l’essentiel des chansons signées par l’auteur Souchon, sans qui l’histoire ne se serait pas écrite, du moins pas avec tant de brio. Tous parlent d’un homme discret, d’un auteur incomparable, au second degré très british, mélancolique incurable, allergique au luxe, inapte à se prendre au sérieux sauf quand il s’agit d’écrire ou de monter sur scène.
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Le chanteur normal s’est jeté dans la chanson avec la plus grande des ambitions : « Exister un peu. » Le temps et les succès passant, il s’est pris au jeu : « Je n’aurais pas aimé que ça s’arrête, j’aurais été triste, j’aurais détesté. » Toute son existence, ce chroniqueur de la vie contemporaine aura trouvé les mots pour dire nos amours, les déceptions qui les accompagnent, et pointé les travers de notre société. Dans le genre, la chanson la plus brillante reste « Foule sentimentale » qui évoque cette manière compulsive et tout à fait moderne d’acheter « les quantités d’choses qui donnent envie d’autre chose » , sans nous rassasier jamais. « Chanter, c’est lancer des balles », écrivait-il jadis. Souchon nous touche encore.
Vendredi 30 septembre à 21h10 sur France 3. Un jour, un destin. Documentaire de Fanny Guiard-Norel (2022). 1h50.