L'affaire d'Outreau : le documentaire événement

C’était il y a plus de 20 ans

Le 5 décembre 2000, les enfants de Myriam Badaoui et Thierry Delay accusaient leurs parents de violences sexuelles. Débutait alors l’affaire d’Outreau. Douze victimes - des enfants - 4 coupables et… 13 personnes innocentées après 3 ans de prison.

Un incroyable fiasco judiciaire retracé dans cette enquête mêlant images d’archives, témoignages de certains protagonistes (tous n’ont pas été sollicités) et reconstitutions… Outreau, c’est aussi l’histoire d’un emballement médiatique sur lequel reviennent des journalistes qui ont traité l’affaire. Hervé Arduin de France 3 évoque par exemple un détail qui a eu une importance capitale : l'utilisation du terme "notables" pour évoquer les personnes inculpées.

L'expression de notables laissait penser qu'il y avait un réseau. Cette idée a infusé l'opinion publique. En quelques semaines, ce qui était initialement une affaire d’inceste se transforme alors en réseau pédophile international.

Les équipes de télé françaises sont vite rejointes par des médias venus du monde entier et notamment de Belgique.Et c’est une enquête de la RBTF qui sème alors le doute… Les confrères belges, traumatisés par l’affaire Dutroux, vont réaliser ce que n’ont pas fait ni le juge Burgaud, ni la police… Ils vont se rendre sur les lieux des crimes et poser des questions aux voisins. Aucun d'entre eux n'a aperçu une des suspects.

Georges Huercano-Hidalgo de la cellule investigation de la RTBF, raconte alors comment les familles des accusés se sont emparé du reportage pour demander des comptes au juge Burgaud.Un juge sourd, enfermé dans sa tour d’ivoire, persuadé de traiter l’affaire du siècle.

Mais cette médiatisation prend aussi une tournure dramatique auprès des enfants dont la parole sera ensuite remise en question. Une des avocates se souvient des sujets quotidiens dans les journaux télé du soir vus par ces enfants, qui ne savent plus distinguer le faux du vrai.

Sur un immense plateau de tournage sont reconstitués les lieux emblématiques de l’affaire : le bureau des enquêteurs, du juge, l’appartement de Myriam Badaoui, une cellule de prison…Dans chaque pièce, des comédiens et comédiennes rejouent des scènes de façon très précise.Un procédé théâtrale, inédit et bouleversant.

Bouleversant parce que l’affaire tout à coup nous éclate au visage.Nous sommes plus que spectateurs. Nous vivons l’événement.Bouleversant aussi quand les protagonistes rencontrent leur double de fiction comme c'est le cas pour Daniel Legrand.

Jamais un tel procédé n’avait été mis en place dans un documentaire. Ce n’est pas un gadget, ou un effet de style.Il s’agit de se servir du faux, de la fiction, pour approcher au mieux une vérité.Voilà l’ambition de cet objet hybride, fruit d’une enquête magistrale menée par Olivier Ayache-Vidal et Agnès Pizzini.Une enquête qui de toute évidence va profondément modifier la façon dont les procès sont restitués dans les médias…

« L’affaire d'Outreau », série documentaire en 4 épisodes. Les 2 premiers sont diffusés ce soir sur France à 21.10