« Salvatore Adamo. Quand je chante », sur Arte : l'universalité revendiquée de l'émotion
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![Salvatore Adamo dans le documentaire « Quand je chante », d’Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis.](/thumb/phpThumb.php?src=https%3A%2F%2Fimg.lemde.fr%2F2022%2F02%2F02%2F0%2F15%2F2923%2F1949%2F664%2F0%2F75%2F0%2F40fb7b0_169397521-salvatore-adamo-quand-je-chante.jpg&w=728&hash=307d868528c20ea1eccf1e8715670ec3)
![Salvatore Adamo dans le documentaire « Quand je chante », d’Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis.](/thumb/phpThumb.php?src=https%3A%2F%2Fimg.lemde.fr%2F2022%2F02%2F02%2F0%2F15%2F2923%2F1949%2F664%2F0%2F75%2F0%2F40fb7b0_169397521-salvatore-adamo-quand-je-chante.jpg&w=728&hash=307d868528c20ea1eccf1e8715670ec3)
Jacques Brel l’avait adoubé, Annie Cordy fut sa marraine, Johnny Hallyday lui réclamait des chansons, Arno lui a rendu hommage en transformant en tableau expressionniste sa ballade Les Filles du bord de mer…
Le gentil, le discret, le sentimental Salvatore Adamo est, à 78 ans, toujours bien là, inscrit depuis longtemps au panthéon de la chanson française. Pardon : belge, car le fils d’Antonino Adamo, le puisatier sicilien arrivé dans les mines du Hainaut en 1947, quand la Belgique promettait à l’Italie une tonne de charbon par ouvrier recruté, est jalousement revendiqué par sa patrie d’adoption. Les Belges aiment d’amour, depuis six décennies, ce chanteur qui a toujours su parler à son public.
Sensible et émouvant« C’est peut-être difficile à imaginer, mais Adamo fut un peu le Justin Timberlake de son époque », raconte l’un des témoins du joli film réalisé par Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis. Un récit à l’image de leur personnage, sensible et émouvant ; léger aussi, comme les chansons des débuts, mais grave quand le chanteur évoque, par exemple, cet Inch’Allah applaudi durant vingt minutes à Berlin, en 1967. Un texte évoquant un « requiem pour six millions d’âmes qui n’ont pas leur mausolée de marbre et qui, malgré le sable infâme, ont fait pousser 6 millions d’arbres », qu’Adamo allait corriger plus tard car, disait-il, il manquait d’empathie pour les Palestiniens.
A Santiago du Chili, son public a porté à bout de bras la voiture qui attendait le chanteur au pied de son avion. Au Japon, Tombe la neige est considéré comme faisant partie du répertoire traditionnel national. En France, Adamo se produisait deux à trois fois par jour : le petit Rital à la voix cassée a livré quelque 500 titres et vendu plus de 100 millions de disques dans le monde. « J’ai cherché l’universalité, celle du sentiment et de l’émotion », dit celui qui a aussi chanté en allemand, en coréen, en arménien ou en turc.
Proche de son père, mort trop jeune mais qui, dit-il, l’a « maintenu les pieds sur terre » ; toujours accompagné de Nicole, discrète épouse qui témoigne en voix off, le septuagénaire continue, chaque matin, d’imaginer textes et mélodies. « Quand je chante, je suis ; quand je chante, je vis », dit l’un de ses plus beaux textes.
Sa philosophie : toujours faire un pied de nez au malheur. Une larme, discrète, coule cependant quand, filmé en gros plan, il écoute Laetitia Mampaka, aperçue dans « Le Grand Oral » 2020 de France 2, réciter des paroles extraites de T’aimer quelque part et Mourir dans tes bras et disant : « J’aimerais ne pas savoir comment tout va se terminer. »
Cette biographie filmée donne décidément raison à Charles Aznavour, qui, saluant les débuts d’Adamo, lui dit un jour : « Votre succès prouve que les chanteurs sans voix comme vous et moi ont encore un avenir. »
Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, Correspondant)