Ajaccio : avec les artificiers du 15 août
Les festivités de l'Assomption ont commencé aujourd'hui. Elles sont préparées depuis plusieurs jours par les artificiers de Stell'Artifice. La société a produit un show pyrotechnique pour la ville d'Ajaccio, où nouvelles technologies et sécurité sont priorisées
Alors que la ville s'éveille lentement, huit employés de la société Stell'Artifice s'activent à quelques mètres du port Charles-Ornano, en bord de mer. À peine descendu du camion qui l'amène de Bastia, un des chefs d'artifice donne le rythme : "Allez, on sécurise le périmètre !", ordonne Fabrice Gabbiati, associé de l'entreprise d'artifice. Pendant deux jours, jusqu'au départ des explosifs, personne de l'extérieur ne doit franchir les limites du site de tirs, symbolisées par des rubans. Dimanche, Fabrice et ses collègues ont monté l'ensemble du schéma du feu d'artifice de ce lundi 15 août. Une fois totalement terminé, l'assemblage partira en mer, au large de la plage Saint-François.
LIRE AUSSI. En Corse, où voir un feu d'artifice les 14 et 15 août prochains ?La barge sera tractée par le bateau d'un pêcheur jusqu'à environ 300 mètres de la côte. "Le pêcheur, en charge de l'opération, accrochera la barge au fond de l'eau. À aucun moment, il n'est autorisé à manipuler les explosifs", insiste Fabrice Gabbiati. Seuls quelques membres de l'équipe d'artificiers possèdent la certification pour toucher aux matières explosives. Stéphane travaille dans cette société depuis un peu plus d'un an. Lui, n'est apte qu'à installer et monter les batteries de tirs qui abritent la matière explosive. Ce feu d'artifice est le premier qu'il monte de cette manière, à quai, pour des tirs lancés en mer. "Je découvre la pose de feux sur barge, je commence d'ailleurs à avoir un peu le mal de mer", s'amuse-t-il, en plein montage sur la barge vaguant au rythme de l'eau.
Investir dans les innovationsComme son associé, Fabrice est certifié pour manipuler les explosifs. Une fois l'ensemble des batteries montées, c'est à lui de faire entrer, une par une, les bombes d'artifice dans le tube métallique de chaque batterie, composée de cinq rangées de tirs. Les bombes sont numérotées et sont inscrites dans le programme numérique déclenché à 22 heures lundi. À côté du site de montage dimanche, deux extincteurs ont été placés à disposition. "C'est une mesure de sécurité, c'est obligatoire. Je fais du montage de feu d'artifice depuis 24 ans et jamais aucun accident ne m'est arrivé", assure Fabrice.
Les deux associés artificiers travaillent ensemble depuis 2009, après que Fabrice a rejoint Stell'Artifice pour faire de la société le leader du feu d'artifice en Corse. Basés à Bastia, ils créent leurs feux à domicile, dans leurs ateliers. Dès que possible, ils partent en Chine composer leurs tirs, les couleurs et les formes. Chaque bombe est ensuite préparée en Corse. Les deux associés utilisent depuis trois ans des batteries de tirs, où logent les feux, en métal. Les mallettes de tirs, disposées aux côtés de ces batteries, envoient des impulsions électriques coordonnées et provoquent une source de chaleur. Les mèches des bombes brûlent lentement en fonction du nombre de secondes commandé. Le tout est géré par une télécommande, rangé et protégé dans un boîtier noir jusqu'au moment du lancement. Un système différent de celui encore utilisé par certains artificiers en France, et qui doit garantir une plus grande sécurité. Le 14 juillet dernier, à Cholet (Maine-et-Loire), deux personnes, dont un enfant, sont mortes atteints par des tirs de feu d'artifice. "Il y a eu un départ de feu au niveau des batteries de tirs, qui devaient être encore en bois. L'incendie a modifié la trajectoire des tirs, ce qui ne peut pas arriver avec des batteries en métal", explique Fabrice.
Création artistiqueCe soir, les spectateurs auront le droit à un show pyrotechnique en musique, contrairement à celui réalisé le 14 juillet. "C'était un feu d'artifice, dit sec, sans musique", indique Fabrice. Pour celui-ci, la mairie d'Ajaccio a déboursé davantage.
"Ce feu d'artifice coûte 48 000 euros, contre 23 000 pour celui du 14. Il y a la musique en plus", relate Corinne Quastana, directrice des festivités et de la logistique de la ville d'Ajaccio. Un écart de prix justifié par les technologies sonores utilisées. "Tout est calculé à la seconde près, le feu se cale sur la musique. C'est une réelle création artistique !", se réjouit Fabrice.
Deux jours de programmation ont été nécessaires pour la création du script qui détermine le rythme du feu sur la musique. En une vingtaine de minutes, les artificiers lanceront plus de 3 000 tirs.